Selon nos informations, l’envoi d’élements des forces spéciales (COS) à Tripoli est envisagé dans les cercles gouvernementaux et militaires français. Il s’agirait, pour les partisans de cette option, de tenter de limiter l’influence de la Turquie auprès du gouvernement d’entente nationale (GAN) dirigé par al-Sarraj. Paris mise notamment sur le ministre de l’Intérieur Fathi Bashagha, un ami de la France, qui a récemment favorisé la visite de Bernard-Henri Lévy en Libye.
Pour le commandement des opérations spéciales (COS), il s’agirait d’un retour sur place. Des hommes des forces spéciales ont en effet été envoyé sur place pour y conseiller et former les forces de sécurité locales – ainsi qu’une mission de liaison. La date de leur arrivée, comme celle de leur départ (sans doute début 2019) n’est pas publique, pas plus d’ailleurs que ne l’était leur présence sur place. Rappelons toutefois que le COS ne mènent pas des opérations clandestines. Relevant de l’état-major des armées, il est chargé de missions discrètes sur lesquelles les autorités ne communiquent guère. Les opérations clandestines relèvent uniquement de la DGSE et de son bras armé, le Service Action.
L’hypothèse de ce retour confirme l’incertitude qui règne à Paris sur la politique libyenne. La France a beaucoup misé sur le maréchal Haftar, mais son étoile pâlit… du fait de sa déroute militaire. Même s’il continue à être soutenu par les Emirats arabes unis (dont la France est très proche), certains milieux à Paris songent désormais à rééquilibrer la politique de la France en faisant un geste en direction du gouvernement reconnu par la communauté internationale.
Pendant plusieurs années, la France a entretenu deux fers au feu en Libye, avec une sorte de partage géographique. A l’ouest (Tripoli), ces militaires du COS étaient présents, de manière assez modeste. On notait aussi la présence de gendarmes du GIGN chargé de la sécurité de l’ambassadeur de France en Libye. L’Est, chez le maréchal Haftar, c’était en revanche le domaine de la DGSE et de son Service Action. Engagés dans la lutte contre Daech, les effectifs du SA ont été assez important. Le chiffre d’une centaine d’hommes a circulé mais il est, par nature, invérifiable. Certains de ces éléments clandestins ont toutefois accompagné l’offensive d’Haftar contre Tripoli en 2019, comme en témoigne la découverte de missiles français Javelin abandonnés sur place.